Nous pratiquons le cyclotourisme en famille depuis de nombreuses années. Au printemps dernier nous avons adopté Miko, un chien de 3 ans. Je vous raconte comment s'est passé notre premier voyage à vélo avec ce nouveau compagnon.

Nous avons adopté Miko à la SPA. Nous ne connaissons son passé. La SPA le décrivait comme un chien ayant besoin d'une famille sportive. C'est un croisé staff et labrador qui a 3 ans et qui pèse 25 kilos. Il est très affectueux, joueur et il adore courir. Avant cette rencontre, nous avions prévu un grand voyage de 3 à 4 semaines à l'étranger. Nous l'avons adopté 3 mois avant nos vacances estivales. Nous n'avions jamais voyagé avec un chien, nous ne savions pas s'il s'adapterait facilement à ce mode de vie, s'il accepterait de voyager en remorque ou encore de dormir sous la tente. L'été arrivant très vite, nous avons changé nos plans pour un itinéraire moins ambitieux.

Un chien noir qui regarde l'objectif
Miko

La première étape était de trouver une remorque pour chien adaptée. Il ne s'agissait pas de trouver une remorque pour aller au parc à 500 mètres de chez nous mais d'investir dans une remorque qui puisse nous accompagner pendant plusieurs voyages, comme nous l'avions fait avec notre remorque enfants. Je suis parti sur le modèle Burley Tail Wagon testé et décrit par Mila et Denni sur leur blog (notez que nous n'avons pas eu le problème de roues mentionné par Mila). Depuis la version 2 est sortie, elle semble solide et elle est peut-être la plus légère du marché pour un chien de cette taille. Elle pèse 8,5 kg contre 12 à 16 kg pour d'autres modèles (sans compter le poids du chien et des bagages). En contrepartie sa conception est simplifiée et elle n'a pas d'options telles que la béquille, le frein de parking, ni autres accessoires qui ne nous ont finalement pas manqué.

Une fois que nous avions la remorque, il restait à convaincre Miko de voyager dedans. A priori ce n'est pas si évident pour certains chiens. Il n'y a qu'à regarder le nombre de remorques d'occasion avec la mention «très peu servi» pour comprendre que beaucoup de gens ont essuyé un échec. Pour le premier essai j'avais attelé la remorque derrière le vélo. Quand Miko est monté dedans, la remorque a bougé et il est immédiatement ressorti de cet environnement instable. Il ne s'agissait surtout pas de lui faire peur et de commencer par un échec. Il fallait commencer beaucoup plus doucement. J'ai donc retiré les roues et j'ai installé la remorque à plat dans le salon. Pendant 3-4 jours il avait le droit à une récompense à chaque fois qu'il s'installait dedans.

Le chien installé dans sa remorque sans roues
Acclimatation à la remorque

Quand cette étape a été acquise, j'ai remis les roues, attelé de nouveau la remorque au vélo, et effectué une nouvelle tentative en maintenant bien la remorque pour qu'elle bouge le moins possible quand il monte dedans. Notez qu'il vaut mieux être deux. Une personne qui tient le vélo et l'autre qui s'occupe de stabiliser la remorque. Nous avons travaillé cette étape toujours avec une récompense. Ensuite j'ai commencé à pousser le vélo à pied, sur quelques mètres d'abord, puis en augmentant la distance jusqu'à faire le tour du pâté de maisons, toujours avec moultes félicitations et un ton encourageant. Enfin nous sommes passés à l'étape finale et j'ai commencé à pédaler. Là encore c'est mieux d'avoir une seconde personne pour pédaler à hauteur de la remorque, surveiller le chien et le rassurer. L'idée n'était surtout pas d'aller trop vite trop loin mais de faire entrer la remorque dans les habitudes. J'ai donc instauré un tour de 10 minutes chaque soir. Au bout d'une bonne semaine Miko acceptait ces petits trajets sans broncher, même si ce n'était visiblement pas son moment préféré de la journée.

Le chien dans sa remorque derrière le vélo
Entraînement quotidien

Le temps a filé très vite et l'heure du départ est arrivée. Miko est sagement monté dans sa remorque. Nous avons commencé par 30 minutes de route non aménagée pour rejoindre la Somme, puis nous avons bifurqué sur l'itinéraire cyclable qui est un paisible chemin de halage loin des routes. Une fois sur la voie verte, nous avons sorti le chien de sa remorque et notre aîné l'a pris devant lui en mode canivtt : le chien a son harnais, une laisse avec amortisseur et il court devant le vélo. C'est une activité que Miko adore, il se prend pour un chien de traîneau et il tracte le vélo. Il peut enfin dépenser toute son énergie. Le pilote du vélo doit être très vigilant et guider le chien à la voix, tout en gardant les mains près des freins. Miko n'a pas suivi de dressage particulier et il peut s'arrêter d'un coup pour une odeur, voire tourner à angle droit pour fourrer le nez dans un buisson.

2 cyclistes avec les vélos chargés et la remorque du chien
Prêts pour le départ
2 cyclistes avec les vélos chargés et la remorque du chien
On remonte dans la remorque

Comme il n'y avait personne sur la voie verte, nous avons rapidement détaché Miko. Il s'est mis à courir juste devant nous en alternant entre trot et galop, à la vitesse de 13 km/h environ. Il semblait tellement heureux que nous l'avons laissé courir en nous disant qu'il finirait bien par fatiguer et remonter dans la remorque. Mais nous avons découvert qu'il a beaucoup d'endurance. Pour l'instant il connaît les instructions «stop» et «pas bouger» quand la voie verte croise une route. S'il y a de la circulation nous le reprenons en laisse pour traverser. Nous travaillons encore sur l'instruction «à droite» quand on croise des cyclistes ou qu'on se fait dépasser, ce n'est pas totalement acquis. Quand l'itinéraire rejoint une route, Miko remonte dans la remorque. Il accepte volontiers d'y retourner mais il finit rapidement par nous faire comprendre qu'il préfère courir. Les premiers jours le long de la Somme, Miko a profité à fond de la voie verte et il a couru entre 20 et 40 km par jour.

Le long de la Somme
un ado endormi sur le chien
Une sieste bien méritée

Alors bien sûr le long de la Somme il y a des canards. Parfois Miko disparaissait dans les herbes, on entendait un plouf, on voyait une famille de canards s'envoler et le chien revenait sur la piste tout content de son exploit. Une ou deux fois le talus était trop haut et il ne savait pas remonter. Nous l'avons alors repêché par le harnais. La poignée sur le haut du dos est bien pratique.

un chien dans l'eau et les nénuphars, un canard derrière lui
Attendez, y'a un canard

Quand on est à vélo, la place de Miko c'est devant. Ce n'est pas négociable. Dès qu'il se fait dépasser il pique un sprint pour revenir en tête du peloton familial. Quand je m’arrêtais pour le sortir de la remorque, le reste de la famille continuait pour ne pas casser le rythme. S'il était en laisse, Miko pouvait alors tracter mon fils ou ma fille à 24 km/h (sans pédalage) jusqu'à revenir en tête du groupe. Une fois où l'arrêt a été plus long on s'était perdus de vue. Le chien a galopé pendant plusieurs minutes à leur poursuite. Le nez à l’affût il a enchaîné 6 intersections sans se tromper jusqu'à rétablir le contact.

cylotouristes sur un chemin de halage, avec le chien devant eux
Miko mène le groupe

Les journées se sont enchaînées le long de la Somme avec un chien en liberté dès qu'on le pouvait, en laisse devant le vélo quand il y avait du monde ou que la piste cyclable était proche de la route. Ou bien dans la remorque quand on était sur la route. Une fois que nous avons rejoint la côte et la Vélomaritime (Eurovélo 4) il a fallu oublier la voie verte. Les itinéraires en site propre indiqués sur la carte se sont révélés être en grande partie des pistes cyclables à 50 cm d'une route départementale très (trop) fréquentée en plein mois d'août. Miko a passé beaucoup plus de temps dans la remorque, ce qui n'était visiblement pas à son goût. Heureusement il lui restait les plages à marée basse le soir pour courir et se défouler.

un enfant promène le chien à la plage
Chouette on court
un enfant promène le chien à la plage
Je marche sur l'eau
un enfant promène le chien à la plage
Tiens, la mer est partie ?

Quand il y a eu plus de dénivelé, on attelait Miko pour tracter les enfants fatigué(e)s. C'était d'autant plus efficace que Miko s'est progressivement assagit au fil du voyage et qu'il arrive maintenant à suivre sagement la piste et à tracter en douceur sans renifler à droite et à gauche. Le dernier soir en rentrant d'un dîner sur la plage, il a même fait son premier remorquage nocturne avec son phare sur le dos.

le chien tracte le vélo sur une piste cyclable
Canivtt en bord de route

Côté logistique, nous avons nos vélos et Miko a sa remorque. Mais il a aussi une sacoche dédiée sur un des vélos avec sa nourriture pour 10 jours, sa gamelle et sa gourde d'eau. Il a aussi un tapis de sol (découpé aux dimensions de la remorque) qu'il utilise le soir pour s'endormir dans la tente. Il a pris le rythme dès le premier jour, trop heureux de s'endormir avec les enfants après avoir couru toute la journée. Les chiens étaient acceptés dans tous les campings où nous avons dormi, à condition d'être tenus en laisse. Nous avions également une longe pour qu'il puisse se déplacer librement dans notre emplacement en soirée. Comme il avait couru toute la journée, il restait sagement à côté de nous.

Notez que presque toutes les plages fréquentées étaient interdites aux chiens, avec une tolérance le soir à marée basse une fois que la baignade n'était plus surveillée.

Au final, le voyage avec Miko s'est très bien passé. Voyager avec un chien qui court à côté des vélos (devant dans le cas de Miko) demande en permanence de l'attention pour le mener à la voix, aux intersections, lors des croisement de cyclistes, lors des rencontres avec d'autres chiens. Miko s'est très vite adapté. Du moment qu'il est avec nous il semble heureux. Dormir sous la tente ne lui a posé aucun problème. Il prend un grand plaisir à courir pendant de nombreuses heures, et il en redemande. Miko aime tellement courir qu'il demande rapidement à sortir de la remorque mais elle reste indispensable pour les portions de route et de ville. Le rythme est relativement lent (13 km/h) mais finalement adapté à notre dernière de 10 ans pour tenir sur la durée. Il nous faudra continuer à viser des itinéraires adaptés pour les prochains voyages.

le chien endormi sur son doudou dans la tente
Bonne nuit les enfants

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